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Au moment où l’Exp.°., procède à la réception du profane, il – ou elle- engage le début du processus d’initiation par ces mots :

Connais-tu le regard du Lion ?

Connais-tu le regard de l’aigle ?

Puis, après lui avoir bandé les yeux, et l’ayant guidé pour aboutir devant la porte du cabinet de réflexion,

Connais-tu la Force du Taureau ?

Connais-tu la langue du Serpent ?

Que veulent dire ces phrases ? Qu’apportent-elles au Profane ? Que représentent ces animaux pour les Anciens Egyptiens (en dehors d’autres regards sur d’autres spiritualités), et pourquoi en faire références au moment d’entrée dans le cabinet de réflexion ?

Ces phrases sont prononcées au moment où le profane est pris en charge par l’EXP.°.

Elles ont pour but d’interroger le profane, de le déstabiliser par leurs aspects impromptus, par le fait qu’elles n’ont, à priori, rien à voir avec la démarche entreprise, les 3 enquêtes, le passage sous le bandeau, et maintenant un déplacement les yeux bandés vers un lieu inconnu.

Elles sont en quelque sorte comme le claquement de mains ou de doigts que les moines bouddhistes font pour rythmer leurs joutes oratoires, véritables défis durant lesquels des moines posent des questions sur Bouddha, Dharma et Sangha, à un autre qui doit répondre le plus rapidement possible afin de leurs apporter non la contradiction, mais s’exprimer avec des arguments répondant aux bienfondés des questions posées.

Ce sont des pistes de réflexion qui sont ainsi proposées à la méditation de l’impétrant, qui peuvent peut-être l’aider à lui aussi argumenter lors de la rédaction de son testament philosophique, assis dans le petit réduit du cabinet de réflexion, au milieu des sentences, objets, visions particulières disposées sur les murs et la table, que la faible lueur de la bougie anime de ses mouvements personnels.

Mais alors que nous apporte le Lion, l’Aigle, le Taureau et le Serpent d’un point de vue de notre Ordre Initiatique Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm ?

Connais-tu le regard du Lion ?

Le lion est un animal solaire réputé pour sa force et sa prestance. Nyctalope, il pouvait voir, comme bien d’autres félins, dans la nuit très facilement.

Nous retrouvons le corps du lion utilisé pour le sphinx, lion androcéphale, c’est à dire à tête humaine et avec un corps de lion.

En égyptien ancien le terme « sphinx », qui est grec, se rapproche du terme SHESEP ANKH, qui signifie « Statue vivante » ou « Image vivante » et qui est un des noms du Dieu du soleil couchant ATOUM.

Or le sphinx a une tête de pharaon, reconnaissable au Mènes, coiffe en tissus bicolore, coiffe porté par Pharaon en temps de paix.

Ainsi on a la force du Lion force disciplinée mais restant disponible, et la sagesse que doit avoir Pharaon (Vie-Santé-Force), pour gouverner son pays mais aussi rester vigilant et rester prêt à intervenir contre tous les ennemis de l’Egypte.

Ce regard du lion est donc le regard que porte un animal qui est sûr de sa force et capable d’en user pour gouverner son territoire.

Pour nous il est la représentation de l’énergie, de la vigueur que nous devons mettre au service de notre intelligence pour nous gouverner avec vigilance sur nous-mêmes et nos capacités.

Dans le « Livre pour sortir au jour » (Livre des Morts), au début de la traversée vers l’au-delà, ANY, soit notre avatar, notre représentation dans la pérégrination de notre être, s’avance respectueusement et avec courage vers deux lions qui sont disposés ainsi :

Chaque lion regarde à l’opposé de l’autre ; Entre eux, une représentation de 2 collines se rattachant à un horizon où se situe une croix Ankh ; Au-dessus de cet horizon, un disque solaire rouge, avec par-dessus un bandeau étoilé représentant la voute céleste.

Les deux lions gardent le Nord et le Sud (puisque le disque solaire exprime le soleil naissant ou mourant, montant ou déclinant).

Mais il est dit également que ces 2 lions « ROUTY », gardent-ou regardent- le passé…et l’avenir, hier, et demain « Sef et Doua ».

Il n’y a pas de présent car il est issu des pensées menant à des actions qui déterminent par leurs agissements ce que demain sera.

Le regard du -ou des lions- nous invitent à regarder dans notre passé et dans notre avenir en faisant en sorte que notre présent soit organisé dans le respect des Vertus cardinales, théologales régissant le Devoir : « Fait ce que doit, advienne que pourra ».

C’est de notre présent que nous nourriront notre avenir ;

Il est dit qu’il faut « faire table rase du passé » ; Notre démarche ne nous y invite pas car, sans passé, pas d’avenir.

Comme les deux lions « ROUTY », FAISONS FACE !

Connais-tu le regard de l’aigle ?

Et que peut-nous apporter le regard de l’Aigle ?

Cet oiseau est l’un des seuls à pouvoir regarder le soleil en face sans être ébloui.

On retrouve cet oiseau sous de multiples formes dont trois sont plus distinctes :

-Le Faucon Horus- Horus le jeune, Horus Aeroïs, Horus l’Ancien selon les époques et les mythes.

-L’épervier, ou le milan, qui représente le BA s’envolant de la sépulture et de la momie, allant et venant entre la Douat et le monde des humains, mais aussi utilisés quelques fois par Isis et Nephtys, dans leurs rôles de protectrices du voyage au travers les différentes portes à passer avant d’atteindre la chambre de la pesée du cœur.

-Le vautour NEKHBET, vautour femelle blanc appelée « la blanche », dont on retrouve la représentation sur des peintures, et qui est l’oiseau protecteur de la Haute Egypte ; Elle s’appelle « Celle qui a créé le monde par sept paroles ou sept flèches ».

Ce vautour orne comme une coiffe, la tête de HATOR (ou de ISIS), ses ailes de chaque côté du visage et tenant dans ces serres le symbole REN (Le nom).

Bien des épouses de Pharaon ont eues à porter lors de cérémonies de telles parures sur leurs têtes, représentant en cela l’union des deux terres et devenant la représentante, sur terre, de HATOR ou d’ISIS.

Ce regard de l’aigle nous invite à voir au-delà de notre personne et de nous aguerrir en restant sous les rayons lumineux que nous diffuse AMON-RA, soit de convertir ce que le Lumineux nous enseigne et d’en acquérir la connaissance.

Connais-tu la Force du Taureau ?

Le taureau est un animal qui a un aspect sauvage et un aspect domestiqué.

Les bœufs mâles à longues cornes, puis les Zébus domestiqués ont contribués à aider les Egyptiens à déplacer de lourdes charges, alors que les bœufs femelles, plus placides, apportaient leurs concours pour cultiver les champs.

La patience de ces animaux domestiqués est remarquée, ainsi que sa douceur qui contraste avec sa puissance.

Les taureaux sauvages étaient vénérés pour leurs puissances qu’ils exprimaient par leurs capacités à charger cornes basses tous ceux qui n’étaient pas le bienvenu.

Une queue de taureau était accrochée à la ceinture de Pharaon, symbole de la patience et de la puissance que le taureau accordait à Pharaon.

Le taureau APIS est associé à la triade de Memphis (Ptah-Sekmet-Nefertoum), et cet animal est vénéré en le château de Ptah à Memphis comme étant une réincarnation d’Osiris.

Le taureau Mnévis, à Héliopolis étaient, lui, la réincarnation de RA.

La force du taureau doit nous permettre de tracer nos sillons dans la terre de Kem, et nous devons exercer notre patience dans l’ensemencement de notre âme à la découverte de la Connaissance, terreau, nutriments, semences et récoltes à la fois.

Connais-tu la langue du Serpent ?

En Egypte ancienne, les serpents sont nombreux :

Ils ne sont pas tous comme on pourrait s’y attendre, participant du chaos, de la déstructuration ou utilisant leurs capacités à nuire aux humains et aux Dieux.

Certes il y a APOPHIS soit en égyptien ancien « Aapep », le Géant, génie négatif cherchant à faire échouer ou à entraver le déroulement du voyage de la barque de RE voguant sur les eaux de Noun, durant la traversée de la Douat.

ANY, qui n’est pas encore OSIRIS N (N devant être remplacé par le nom du défunt), prend l’apparence de SA-TA, le « Fils de la terre », dans un sens de renouvèlement par sa mue, de rajeunissement quotidien, lié au cycle solaire dans le sens ou SA-TA, prend la forme primitive du soleil en devenir.

Il est « le serpent primordial qui encercle le monde, le serpent qui tient dans sa gueule l’extrémité de son être ».

Mais durant sa vie- en- cette- vie, il a été également protégé par MERETSEGER, « la cime », le serpent de la Montagne, « Celle qui aime le silence », celle qui est l’une des protectrices de tous les artisans -ouvrier de Deir el-Medineh, qui travaillaient à la construction des maisons d’éternités que sont les différents tombeaux creusés en la Vallée des Rois et celles des Reines

Elle est aussi « fille de MAAT» et veille sur les morts.

En sa représentation de cobra dressé au capuchon déployé, l’Uraeus, prête à cracher son feu venimeux pour défendre quiconque se dressent contre le Fils de AMON-RA, elle entoure la tête de Pharaon de son corps, en une couronne- diadème, associée avec Nekhbet

Elle est aussi identifiée à la couronne rouge, tandis que NEKHBET l’était de la couronne blanche.

Les 2 réunies sont le symbole de l’unité de la basse et haute Egypte.

Ainsi je pourrais dire qu’à l’imitation de Meretsger, l’A.°., a le poids d’un serpent lové sur sa langue, devant tenir le silence, devant penser, découvrir, appréhender la symbolique maçonnique, comme le serpent utilise sa langue aux qualités sensorielles silencieuses, pour détecter tout ce qui se trouve à sa portée.

Mais notre profane n’est pas encore un néophyte ; Laissons- le, laissons-la désormais entrer dans le cabinet de réflexion.

L’usage du silence va commencer au sein de cet athanor, et même si ces questions n’ont pas apporté de réponses à cette heure, les instructions à ce sujet viendront en son temps.

Ces 4 animaux cités au tout début de l’Initiation ne le sont pas par hasard.

C’est une invitation à rechercher des correspondances entre soi-même et les qualités, visibles et invisibles, subtiles et épaisses, afin de servir de supports à des efforts à entreprendre pour nous dégager de notre animalité sans pour autant la renier ou l’éteindre.

Nous ne cherchons pas à domestiquer nos énergies, nous cherchons à les comprendre et à les diriger, le creuset reste en permanence sur le feu de la Connaissance, nous ne faisons que souffler sur les braises.

Bien d’autres animaux ont aussi vu leurs utilisations dédiées à certains principe créateur (Thot, l’Ibis ou le babouin ; SOBECK le crocodile, HAPY l’hippopotame, et bien d’autre encore).

De nos jours modernes et électroniques on pourrait dire que les Egyptiens ont créés des avatars virtuels qui, dans ce monde et dans les autres, sont soit des protecteurs soit des principes agissants dont nous prenons conscience selon les épreuves tout au long de notre vie-en-cette-vie.

Et les 4 animaux cités accompagnent cette démarche qui va faire que nous passons du monde profane au monde des initiés.

Et dans ce monde des Initiés, bien d’autres principes créateurs, agitateurs d’énergies, condensateurs de sagesse, explorateurs de force et créateur de beautés nous attendent pour nous guider de leurs vertus, sur la voie du Milieu.

J’ai dit,

Frère Patrick

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