Essentiel Invisible

L’essentiel est invisible pour les yeux.

Vous aurez sans doute reconnu dans le titre, une partie de la phrase prononcée par le renard dans le petit prince de Saint-Exupéry dont la formulation entière est : «  l’essentiel est invisible pour les yeux ; on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Ce soir je voudrais essayer de réconcilier le matériel avec le spirituel, la physique avec la métaphysique. Je vous donne mon point de vue d’aujourd’hui, de là où je me trouve sur mon chemin conduisant vers ma vérité, mais je peux changer d’avis, c’est le grand jeu de la vie.

Parmi toutes les passions que j’ai eues dans mon existence, il y en a deux qui en persévérant m’ont fait grandir. La kabbale que j’ai étudiée avec ma raison car pour y entrer il a fallu commencer par l’étudier avant de vouloir aller plus loin et l’écriture de mes romans qui ont permis à mon imagination débordante d’avoir aussi un rôle à jouer.

La raison est à l’origine de l’abstraction, elle permet d’analyser les propriétés d’objets comme chaud, froid, liquide, gazeux, solide, d’établir des comparaisons qui permettent de saisir des ressemblances comme des différences, de généraliser permettant d’universaliser certaines propriétés à l’aide de déductions logiques ou de démonstrations. Là se trouve l’origine de toute pensée, au sens propre du mot, mais la raison a besoin de s’appuyer sur  d’autres potentialités comme l’imagination, la créativité et l’intuition.

Sans elles, notre science n’aurait jamais dépassé le stade de l’expérience et nous en serions encore au temps de Galilée qui fut le premier à associer raison et imagination. Je vous raconte son histoire avant de vous parler de cet essentiel qui est invisible à nos yeux, titre de ma planche et dont je suis un peu loin pour le moment, mais j’y arrive vous allez voir.

Aristote pensait que notre connaissance venait d’abord des sens et que la raison nous permettait de penser le vrai. Il avait vu qu’en laissant tomber de la même hauteur deux corps de masse différente, le plus lourd arrivait le premier en bas. Il en déduisit tout naturellement une loi : la vitesse d’un corps en chute libre est proportionnelle à sa masse. Cette loi fut valable 2000 ans. Allez savoir pourquoi, Galilée eut un doute et il réalisa ce qu’on appelle aujourd’hui une « expérience de pensée », ce fut la toute première d’une longue série qui devait déboucher sur la physique quantique au vingtième siècle. Alors que pensa Galilée ? Selon la loi émise précédemment, un corps lourd, une pierre par exemple tombera plus vite que la pelote de laine plus légère. En attachant la pierre et la pelote, la pelote plus légère ralentira la pierre et l’assemblage tombera moins vite que la pierre seule. Cependant, une fois attachés ensemble, ils forment un corps plus lourd que la pierre seule. Ce nouveau corps devrait tomber plus vite que la pierre seule. Il y a donc une contradiction. Galilée en déduisit donc que tous les corps doivent tomber à la même vitesse.  Ce que nos yeux ne virent qu’au 20^ème siècle lorsque l’on sut faire tomber des objets dans le vide. Vous voyez où je veux en venir : le réel est caché et pour le découvrir, il faut des hommes qui vivent une « expérience de pensée » qu’ils pourront confirmer par un calcul mathématique ce que fit Galilée en utilisant des rapports de proportionnalité.

Je peux déduire à partir de cet exemple qu’il ne faut donc pas se fier aux apparences, elle peuvent être trompeuses.

Mais le champion de « l’expérience de pensée » est sans conteste Albert Einstein qui dit :

« L’imagination est plus importante que la connaissance. La connaissance est limitée, alors que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution. »

Nous francs-maçons allons dans le même sens quand nous entendons dire lors de la chaine d’union : « le monde des apparences retient nos corps prisonniers, mais nos esprits sont libres… »

Les réflexions d’Einstein sur la lumière ont commencé à l’âge de 16 ans. Il s’est posé la question suivante : que se passerait-il si vous chassiez un rayon de lumière qui bouge à travers l’espace ? D’après lui, si vous réussissiez à rattraper la lumière, vous seriez capable d’observer la lumière figée dans l’espace. Mais par définition la lumière ne peut être figée. Einstein a finalement réalisé que la lumière ne pouvait être ralentie, et serait toujours en mouvement, bougeant à sa propre vitesse. C’est donc un autre paramètre qui devait changer, et ce paramètre c’est le temps. Cette expérience de pensée a mené à l’élaboration de la théorie de la relativité.

« Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça, la relativité nous dit Albert Einstein ».

Quelles réflexions puis je déduire de mes deux exemples ?

Nos yeux sont faits pour voir les objets ordinaires et notre existence se construit à leur contact. Par ce fait, les objets qui nous entourent nous sont intelligibles et nous paraissent normaux.

Pour le temps, c’est la même chose, il s’écoule de la vie vers la mort inexorablement au rythme lent des saisons et pourtant…La relativité impose tout aussi naturellement un temps élastique.

Beaucoup s’en contente, mais quelques uns ont compris qu’il faut transcender les lois du monde tangible en utilisant toutes les facettes de notre intelligence et en faisant confiance à notre cœur plus qu’à notre esprit pour aborder un monde hallucinant.

J’en profite pour ouvrir une parenthèse sur la kabbale. Je prêche pour ma paroisse et si je peux susciter quelques vocations pourquoi pas ! J’avais décidé du temps de notre frère Jacques de me taire sur ce sujet brûlant à priori et bien j’ai changé d’avis puisque cette étude m’a enrichie et a sa place dans mon propos.

La première lettre de la bible hébraïque est un B et la dernière un L. Ensemble elles forment le mot BEL qui signifie « ne pas », l’interdit, la rigueur de la loi, la raison pour comprendre la structure rigoureuse permettant à l’univers de se développer. L’inversion des lettres L et B donne le mot « lev » la lettre b se prononce b ou v comme en espagnol et ce mot « lev » signifie cœur. J’y vois là une confirmation d’unir raison et cœur ce que les anciens connaissaient, mais ont voulu surtout le transmettre. Pour cela, il faut être initié…

Les kabbalistes travaillent surtout sur la lecture et la compréhension  des 5 premiers livres de la torah ou le pentateuque. Elle se fait sur 4 niveaux : le sens littéral, pachout, les lecteurs lisent l’histoire sans chercher plus loin et la prennent pour argent comptant, le sens symbolique, remez, qui utilise comme nous des symboles ou des images pour faire comprendre des lois de la nature ou autres, le sens de l’exégèse, darach, qui donne l’opinion de savants ou d’experts pour éclaircir les passages obscurs  et le sens secret, sod, qui permet à l’initié de trouver les réponses à ses questions. Les 4 initiales forment le PRDS qui signifie, paradis. Passer du sens littéral, au sens secret permet d’accéder au paradis c’est-à-dire à la connaissance totale et répond à  toutes nos questions existentielles.

Le physicien ne cherche pas autre chose et moi non plus. Son idée est la suivante. Il manquerait une pièce au vaste puzzle de la matière. Cette pièce manquante est invisible. Une suggestion m’est venue… Et si au creux de chaque particule de l’univers comme l’électron, le photon, le boson et autres on, se nichait un brin de psychisme, un brin de spiritualité, un brin d’information ?

Dans leur dernière planche, Alain et Cyril ont parlé du comportement étrange des particules qui étaient à l’état d’onde quand on ne les observaient pas et devenaient particule quand on les regardait. Pensez à une tortue. S’il n’y a pas de danger, elle avance en toute tranquillité de son petit pas de sénateur, mais au moindre bruit elle se cache dans sa carapace, ce que fait le photon ou l’électron qui passe de sa situation ondulatoire comme le serpent, à une particule, un petit grain de matière quand il se sent observé.

Ils ont aussi parlé de l’intrication des particules ce qui veut dire que quand deux particules ont été en contact elle adoptent un comportement similaire même si chacune se trouve à un bout de l’univers. Pensez au champignon. Les filaments de son mycélium, ses racines enfouies dans l’humus, la terre, le rattache aux autres champignons. Pourquoi ne pas envisager que la particule peut elle aussi être reliée à d’autres particules de l’univers par des filaments psychiques cette fois. Ces filaments seraient des liens « psy » invisibles et indifférents à la distance qui sépare les particules.

On peut en déduire que dans une particule élémentaire, brique de l’univers, il y aurait donc deux éléments : la particule physique matière et la partie subtile psychique. Pensez à une éponge imbibée d’eau. Les deux parties solide et liquide coexistent et sont consubstantielles ou à des braises chaudes, le feu fait rougir le carbone. Dans la particule élémentaire la partie psychique celle qui m’intéresse aurait une attitude aléatoire et subjective, capable donc de faire des choix, de prendre des initiatives, elle est en un mot créatrice. Un soupçon de psychisme s’abriterait dans chaque particule, l’ensemble formant le vrai visage de la matière.

Dans la bible au tout début de la genèse 2 : «  Dieu façonna l’homme de poussière de la terre et lui souffla dans les narines le souffle de la vie, ainsi l’homme devint un être animé. » Cette image de la création qui nous est proposée considère aussi que le réel tangible qui nous entoure est fondé sur la coopération de deux formes, physique et psychique.

Tout dans la nature possède ces deux propriétés, de la particule à l’homme. Il n’y a qu’un pas pour imaginer que la nature ait été capable de créer des entités « macro psychiques » comme nos esprits. Elle permettrait ainsi à la conscience d’émerger, par assemblage, à partir du niveau quantique le plus rudimentaire.

Pourquoi et comment cela ?

 En tissant des liens invisibles qui soudent, collent, ou rassemblent d’infimes gouttelettes de psy éparpillés au sein de ces particules élémentaires. En fusionnant tous ces psy à grande échelle, on obtiendrait ce que nous appelons nous F\M\ la conscience universelle.

Je fais un pas de plus, ces gouttelettes de psy éparpillées dans les particules élémentaires sont invisibles, non mesurables et réagissent dans l’instant d’un bout de l’univers à l’autre. Elles sont immatérielles. Leur statut immatériel a de multiples conséquences qui toutes résultent du fait qu’elles échappent aux lois et aux contraintes qui pèsent sur la matière.

Elles ne peuvent donc pas faire partie de notre espace temps et pour elles il va falloir envisager un deuxième monde, psychique celui là.

En conclusion si chaque particule est dirigée par deux pilotes, l’un physique l’autre psychique, celle-ci évoluera dans le monde de la matière quand le conducteur sera le pilote physique ou dans un autre monde plus subtil qui agit en lui et où évolue le pilote psychique. Ce monde parallèle est tout aussi vivant que le notre.

Voici en fait ce que serait le vrai visage de la matière ordinaire si toute cette belle théorie est vraie. Elle nous permettrait de projeter un regard neuf sur l’énigme de la conscience et du cerveau conscient, mais cela est une autre histoire. Il se pourrait même que cette théorie nous conduise au seuil de l’âme et de l’au-delà, mais peut-être que je m’avance un peu trop. Une autre fois peut-être…

Bien sûr cette théorie ultra audacieuse ne vient pas de moi, mais d’Emmanuel Ransford, épistémologue, chercheur indépendant, spécialiste de physique quantique, conférencier. Depuis des années j’imagine ce genre de possibilité sur une conscience extérieure à nous-mêmes située en dehors de notre espace temps et son point de vue m’a passionnée.  En fait cette physique quantique intéresse les initiés car elle redonne une certaine crédibilité à ce que peut-être les anciens avaient découvert d’une autre façon sans doute. Finalement la fiction métaphysique n’en serait peut-être pas une. Quel dommage que la bibliothèque d’Alexandrie ait disparue. J’ai décidé de vous communiquer mon enthousiasme pour le livre d’Emmanuel Ransford : «  la conscience quantique et l’au-delà » ; Je n’ai fait qu’aborder les grandes lignes selon ce que j’ai cru comprendre, de trouver des mots qui pouvaient faire un écho dans notre monde de F\M\ et surtout de découvrir un nouveau terrain de jeu passionnant, moderne et d’actualité.

J’ai dit.

Soeur Martine