Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm: 23ième degré « Chef du Tabernacle »
Le 23ème degré court et surprenant à la fois nous fait aborder la notion de sacrifice, lequel dans ce contexte-ci est synonyme d’action de grâce (du moins, c’est ainsi que je le comprends ) …. Mais, aussi et surtout les notions de filiation/transmission par l’initiation qui pour nous Franc-Maçons est le commencement d’une recherche de la vérité, une mise sur le chemin qui peut conduire jusqu’à la connaissance ultime du pourquoi de la vie et de l’univers,. C’est donc et une invite à voyager en nous-mêmes.
Le drame d’Hiram, par son fond très humain et surtout sa transmission orale placée au cœur d’un processus et d’un cérémonial sacrés de nature initiatique, a les attributs d’un mythe : celui de la naissance de l’être spirituel. Dans l’histoire même le divin est indirectement présent ; il s’agit plutôt d’un mythe de héros faisant intervenir un processus symbolique de mort et de renaissance à la vie spirituelle.
La mort du Maître est l’élément central du mythe d’Hiram….la tombe est un athanor… cette formule hermétique souligne la nature alchimique de ce qui s’y accomplit. Le corps du Maître devient le support de la vie régénérée. De cette transmutation naîtra l’œuvre nouvelle et intemporelle….Question : peut-on considérer alors qu’il s’agisse de sa descendance au sens propre et au sens figuré ?
En dépit des tentations rencontrées, Hiram , fondeur et sculpteur sur bronze, réussit à vaincre ses faiblesses, ses tentations, ses passions, se rapprochant de la perfection humaine et devenant ainsi le symbole de la fidélité au devoir, au même titre que Noé, lequel à une autre période et dans un autre contexte, est désigné dans la Bible comme un homme juste, intègre qui marchait avec Dieu .
Homme vertueux qui savait façonner la mate ria prima, Hiram n’a pu qu’ engendrer un fils intelligent, connaissant, et maître parfait en son art.
Le fils d’Hiram en initié accompli se rend au temple pour rendre grâce à dieu par le biais du sacrifice « en mémoire de la vengeance prise sur les assassins » de son père. Par ce geste il effectue un véritable partage avec dieu se retrouvant ainsi projeté dans une dimension sacrée : celle qui relie les hommes entre eux et les hommes à dieu. Il accomplit donc son devoir en sacrifiant au culte sacrificiel
Ces quelques lignes rappellent le rôle éminent du père et par voie de conséquence de la transmission ; Car dans toutes les symboliques le Père représente l’Esprit, l’aspiration à la Spiritualité…. Il permet au fils de le faire revivre spirituellement en s’adressant à la puissance divine et éternelle par un sacrifice.
Mais allons un peu plus loin. Nos cœurs ouverts et notre brassage culturel (OIAPMM, voie orientale) m’ont fait «voir « ce mythe sous différents aspects, différentes cultures et à des périodes différentes ; Tous les récits abordés, par le rituel, depuis notre cheminement maçonnique, si différent qu’en soit le contexte m’ont apparu comme porteurs de sagesse délivrant des messages venant de plus haut que nous… bien au-delà du monde et du temps.
Tout d’abord plongeons nous dans l’Égypte ancienne. Un texte sacré dit que le roi Horus est le fils du Pélican. Son héritier Hiram, le maître bâtisseur, est détenteur du nom secret de la lumière, dépôt sacré sur lequel s’édifie le temple. Construire revient à manifester le secret qui est au cœur de la création.
Plus tard, dans la tradition médiévale, le pélican sera associé à l’art royal, terme qui désigne à la fois l’alchimie, science des transmutations de la matière, et de la pratique initiatique des bâtisseurs. Elle est l’art d’édifier l’homme et le temple…Construire le temple c’est construire le secret et le révéler sans le trahir.
Le symbole du pélican lié au Maître d’œuvre dans la tradition des bâtisseurs du Moyen Âge remonte donc à l’Égypte Ancienne. Assimilé à Osiris, il ressuscite après être passé par la mort. Pourquoi le symbolisme de cet oiseau nourrissant ses petits de sa chair est-il relié à la royauté en esprit et au concept de la maîtrise ? En d’autres termes : pourquoi le Maître doit-il disparaître et subir l’épreuve de la mort ? ….pour comprendre cela il faut entrer au cœur du processus alchimique qui est celui de l’éternelle création et de ses cycles.
Dans le mythe de l’Égypte Ancienne, Osiris est assassiné par son frère Seth et son corps est démembré ; chacune de ses parties est dispersée et dissimulée aux 4 coins du pays. Au chaos provoqué par la disparition brutale du dieu, succède le renouveau grâce à l’intervention d’Isis, la grande magicienne. La déesse retrouve et rassemble les membres épars de son époux, le ranime de son souffle (l’âme est reliée au souffle de vie) et conçoit Horus, l’héritier de la fonction. Ainsi donc, le Dieu Osiris apparaît non seulement en tant que symbole du démembrement et de reconstitution de l’homme cosmique, mais également du renouvellement de la vie, et enfin de l’accomplissement de l’œuvre destinée à l’éternité.
Dans la langue sacrée de l’Égypte ancienne il existe 3 manières de formuler la maîtrise. La première SEKHEM signifie la « puissance ». Son écriture hiéroglyphique renvoie au jaillissement de la lumière, hors de l’énergie primordiale, afin d’accomplir ses mutations. La seconde est représentée par une corbeille tressée ( celle-ci ne nous rappelle-t-elle pas un autre mythe?) où sont recueillis les membres dispersés d’Osiris (nous aurons immédiatement à l’esprit le : rassembler ce qui est épars pour reconstituer l’unité). Enfin le Maître est aussi nommé « celui qui est dans la bouche » en d’autres termes, le verbe formulé est transmis
La mort d’Osiris aboutit à la naissance d’Horus, fils de la royauté en esprit. Horus est le fruit du rassemblement par la puissance d’Isis. Il incarne la transmission initiatique victorieuse de la mort « Je suis Horus qui modèle son père Osiris, je façonne celui qui m’a façonné, je fais naître celui qui m’a fait naître, je fais revivre celui qui m’a engendré » disent les textes…la fonction d’Horus est de façonner et de redresser éternellement son père par la formulation de la Grande Parole.
Dans le même ordre d’idée, Maître Jacques, symboliquement démembré par le don de chacun de ses vêtements à chaque corporation de métier, rend possible l’instauration des métiers qui, rassemblés, permettent de prolonger l’œuvre divine de la création.
C’est en observant le comportement et le dévouement aux siens du Pélican que les Anciens l’ont associé au créateur de la vie et en ont fait le symbole de la fonction nourricière ( en loge ne venons-nous pas y chercher la manne spirituelle ?).
Surgissant des eaux du fleuve, comparables à celles des eaux de l’origine, le Pélican rapporte dans la vaste poche de son bec la nourriture nécessaire à ses petits. Il ne se contente pas d’aller la quérir, il la prépare, la pré-digère pour qu’elle soit assimilable par ses petits …. l’acte de nourrir est bien un acte d’amour, car c’est ce qui permettra aux petits de vivre, de devenir forts pour affronter les difficultés à venir. …mais c’est aussi le lien qui unit toute créature à son créateur Par cet acte il les initie symboliquement au monde de la Connaissance.
Mais les petits pélican vont frapper leur père au visage. Pourquoi ? Est-ce par ingratitude ? Ou bien le pélican se laisse frapper par ses petits comme si les coups étaient attendus par lui .. .. les mythes et les légendes s’adressent aux initiés. En effet, les oisillons sont dits frappés leur père « après qu’ils aient grandi en sagesse et en force (ceci est la représentation du travail intérieur du maçon). Cet acte de frapper est en réalité un acte rituel fondamental sur la voie de la Connaissance. D’ailleurs, ne dit-on pas dans le langage courant pour un adolescent qui désire s’émanciper « il doit tuer le père ! »
Ce coup consécrateur évoque, pour moi, l’acte primordial qui consiste à frapper la pierre afin de l’ouvrir et de découvrir ses secrets de construction (notre premier geste de Franc-Maçon n’est il pas celui de frapper la pierre) . L’énergie créatrice contenue et retenue par l’inertie est alors libérée. Frapper le pierre est un acte cosmogonique d’illumination de la matière. A l’image du principe qui sort de son sommeil pour prendre conscience de lui-même et donner naissance à la création. Il y a passage de l’inertie et de l’indifférencié, à la vie en conscience et à l’ordre créateur ( peut-on faire une comparaison avec le big-bang et avec la vision de la Kabbale qui fait intervenir le qav ou rayon de lumière-énergie à partir duquel les mondes vont être créés)
En Égypte Ancienne, l’acte de frapper le père correspond à l’acte rituel par lequel les fonctions du corps de maîtrise agissent pour son rétablissement. Il permettait aux corps de métiers d’élever le temple et de l’animer, autrement dit de participer à la fois du mystère afin qu’une œuvre en conscience, une œuvre connaissante émerge.
Frapper la pierre par soif de connaissance ou franchir la porte du temple ou découvrir la vie en esprit sont une seule et même chose. Ainsi donc les coups portés par les petits du pélican à leur père est un acte préfigurant la participation aux mystères de l’élévation de l’œuvre.
Dans la légende il est dit que les petits sont blessés à leur tour, blessés jusqu’à en mourir. Peu après les avoir tués, le pélican se perce le flanc et les fait revivre à la vie grâce au sang qui sort de son côté (le sang, élixir de vie ou substance de la vie ; pour les hermétistes, le sang est le siège des esprits vitaux contenant en lui la vertu spirituelle du tout). Cette image annonce la figure du Christ sur la croix dont le flanc est ouvert par une lance. Le sang et l’eau s’écoulent de sa blessure et sont recueillis dans une coupe, le Graal…Le Graal qui selon EVOLA est la « Pierre de Lumière en face de laquelle toute splendeur terrestre n’est rien » … Il est le mystère caché depuis le début du monde.
C’est par amour que le pélican tue ses petits, il tue en eux tout ce qui voile la vision afin qu’ils accèdent au monde de l’esprit…
Le bec de l’oiseau équivaut symboliquement à la lance qui ouvre le côté, le cœur du Christ permettant l’épanchement du symbole qu’il incarne, le Verbe. La lance est un des symboles de l’Axis Mundi. Le cœur est le point d’intersection de l’esprit dans la matière, le lieu caché et secret de la conscience. Pour Jean HANI « le sang divin restaure la conscience et par elle le lien de filiation oublié »
Toutes les traditions enseignent que si l’univers existe, c’est par un sacrifice : celui du Principe divin au commencement des temps.
La Baghavad Gîta enseigne qu’à l’origine de la création est la Ténèbre au sein de laquelle brille un feu immatériel. Cette ténèbre est matrice de tout mouvement « Par le concept du sacrifice, ce feu immatériel va libérer sa puissance qui fera retour à lui ». Le pélican en s’ouvrant le poitrail symbolise ce principe sacrificiel grâce auquel la vie peut jaillir et croître , grâce auquel il y a passage de l’unité à la multiplicité , au démembrement de l’UN qui s’offre pour construire la création.
La mythologie de l’Inde ancienne mentionne le dépècement du géant primordial Purusha, totalité cosmique. Sa bouche devient le brahmane, le guerrier est le produit de ses bras, ses cuisses correspondent à l’artisan, de ses pieds naît le serviteur ; le ciel émane de sa tête, de ses pieds la terre, la lune de sa conscience, le soleil de son regard, le vent de son souffle.
On peut dire que la création de l’univers est le fruit du sacrifice, acte originel du Principe qui, se révélant, déploie son logos, épelle son verbe à travers une infinité de forme. Ces formes finissent par revenir à leur matrice secrète et s’y régénérer, retrouver l’élan d’un nouveau cycle.
L’Ancêtre primordial se sacrifie pour que la vie soit. Mais l’énergie qu’il a libérée dans sa création s’épuise. Aussi ceux à qui il a donné vie doivent en être conscients. Il est donc de leur devoir de rendre à l’Ancêtre son intégrité en réitérant et revivant son sacrifice….selon ELIADE chaque sacrifice répète l’acte primordial de la création et garantit la continuité du monde ». C’est le sens originel du sacrifice dans les Brâhmanas : recréer le cosmique épuisé par le temps cyclique.
C’est par l’acte divin du sacrifice, disent les mythes, que le processus initiatique a été instauré sur terre. C’est par celui du pélican que ses enfants peuvent naître une deuxième fois, c’est à dire à la vie en esprit, tel est aussi le mythe d’Isis et d’Osiris ou aussi le mythe christique. .. La voie du don serait donc l’origine et la dynamique de la création...
Les Druides (parèdres des Brahmanes ) avaient basé leur enseignement sur l’observation de la nature. Ils croyaient en l’existence d’un Esprit cosmique présent dans tous les règnes de la nature et l’immortalité de l’âme. Cette connaissance réglait leur conduite. Au deuxième siècle de notre ère ELIEN le sophiste compara leurs idées religieuses à celles des Indiens et des Égyptiens, il écrivait à leur sujet « ils nourrissent une foi solide et offrent des sacrifices en toute pureté, se gardent pieusement de toute souillure, célèbrent des rites d’initiation, respectent la tradition des mystères…si bien qu’on s’accorde à dire qu’ils vénèrent et honorent leurs dieux avec grande conviction »
La découverte de la philosophie de vie des Dogon (XIV et XVème siècle) m’a semblé très intéressante en ce sens où ils ont écrit leur préhistoire et ont voulu que leurs enfants apprennent et connaissent leur protohistoire, leur histoire et leur cosmogonie… ils ont initié leurs enfants et continuent à leur transmettre , leur culture et leur croyance
Pour eux le monde a été conçu dans son ensemble et cet ensemble a été pensé, réalisé et ordonné par un Dieu unique créateur dans un système complet qui inclut le désordre…Dans le domaine religieux ce système s’articule sur l’existence de mythes qui traite de la notion de Dieu fondamentale de l’histoire de la création du monde, de l’instauration de l’ordre et de l’apparition du désordre, d’un sacrifice de réparation, et de la vie de l’homme dans l’univers peuplé et réorganisé.
Les Dogon interprètent le mythe comme une histoire vraie….La place de Dieu dans leur mythologie et leur cosmologie est primordiale ; Dieu est considéré comme seul unique et parfait : il a créé le monde, il pourra le détruire et en faire un autre dans lequel auront ou n’auront pas de places les puissances surnaturelles auxquelles il a été conféré son Verbe et qui gèrent sous son autorité l’univers actuel.
Le centre, l’axe des rites est le sacrifice sanglant. Or pour les hommes instruits quel qu’en soit le lieu, le but, les modalités, les agents et le contenu, tout sacrifice répète le sacrifice mythique de réorganisation de l’univers. Tout sacrifice est à la fois cathartique et réorganisateur : il libère les forces vives de la victime pour purifier ce et ceux qui se trouvent affaiblis, donc menacés par les fautes, les erreurs, les ruptures d’interdit. Il aboutit à la revivification de l’ensemble, à la résurrection c’est à dire à un renouvellement total à la vie dans toute sa plénitude. N’est-ce pas notre « Ordo Ab Chaos » ?
A la circoncision l’enfant Dogon devient un initié car c’est le moment où il est introduit dans la vie communautaire des hommes. Dorénavant, il lui sera donné de voir, d’entendre, de participer à des activités dont il était jusque là écarté ….son père notamment aura un rôle primordial…mais ces connaissances s’acquiert également au cours de ses expériences personnelles et par les fonctions qu’il accomplit au sein de la société. L’exercice de l’autorité familiale ou de la prêtrise, les grades qu’il gravit dans des associations auxquelles il participe (notamment chasseurs, devins, société des masques etc ..).concourent à lui permettre d’intégrer ces traditions.
Mais l’initiation n’est pas seulement accumulation de connaissance, ni même une philosophie ou une manière de penser….elle a un caractère éducatif car elle forme l’individu, le modèle en même temps qu’il assimile le savoir qu’elle distribue. Mais elle est davantage encore : en lui faisant comprendre les structures de l’univers, elle amène progressivement l’initié à une manière de vivre aussi consciente et complète que possible dans la nature et à l’intérieur de la société, dans le monde tel qu’il a été conçu et réalisé par Dieu.
Dans cette société connaître et comprendre la structure de l’univers n’est pas suffisant ; il faut vivre par le corps et par l’esprit. Ainsi donc, lorsque les membres instruits se réunissent (réunion = ginna) et boivent ensemble la bière rituelle de telle variété de sorgho à tel moment de la cérémonie, ils savent à quelle séquence du mythe et à quel ensemble de correspondances correspond l’acte. Mais s’ils le connaissent sur le plan intellectuel, ils ne dissocient pas la connaissance qu’ils en ont d’une autre forme de savoir indispensable, celle que leur sang et tous leurs organes acquièrent par cette consommation, c’est une véritable « communion » ; la nourriture sera alors complète puisqu’elle unit à la fois le corps et l’esprit .
Ces différentes cultures démontrent l’importance de l’initiation à laquelle nous Franc-Maçons sommes très attachés.
Au sens étymologique latin, le mot initiation signifie « commencement », « entrée » « mise sur la voie »
Une initiation est avant tout une cérémonie (telle notre entrée en Franc-Maçonnerie), point de départ d’une prise en charge volontaire par le participant (ou la) de son développement intérieur en vue de l’éveil de sa conscience pour qu’elle lui ouvre les portes (ou sba en égyptien) de la connaissance d’un monde inaccessible à la perception humaine… par le mythe qu’elle met en scène elle indique à celui (ou celle) qui la vit quels efforts sont nécessaires à l’éveil de sa conscience intérieure. Elle répond donc à la réalité d’un appel intérieur qui lui permettront de trouver les portes d’accès d’un autre monde.
Le rituel d’initiation est pour nous Franc-Maçons un véritable Maître spirituel….la subtile compréhension des rites se dévoilant petit à petit suivant les niveaux progressifs de notre conscience. Le rôle du rituel est celui d’éveilleur, il nous dirige vers la connaissance absolue du mystère de la vie et de la mort. Les rituels authentiques s’appuient sur une longue tradition. Bien vécus et bien compris ils nous tireront vers la véritable connaissance de l’ordre humain et universel. Nous sommes si petits et si impuissants dans ce grand mouvement de la vie que nous avons besoin d’une méthode pour éveiller et transformer cette force en nous . Celui qui ne sait pas voir avec l’œil du cœur (conscience) et de l’intelligence restera définitivement aveugle et ce qu’il pense être la réalité n’est en fait que mirages et illusions
Le pèlerinage initiatique n’est pas un aller pour ailleurs dans un autre temps, mais un aller dans une expérience présente de la réalité immédiate. Nous devons abandonner nos repère et avoir l’audace de nous élancer vers l’inconnu. Cela nécessite forcément une action intérieure, une éthique exemplaire. Dans l’artisanat la réalisation d’un objet oblige au silence. Silence extérieur mais aussi et surtout silence intérieur. Le « faire » de ses mains entraîne à s’extraire du vacarme du monde environnant, tel était le cas de notre Grand Maître et Sublime Frère Hiram qui, par son sacrifice, nous a enseigné que l’essentiel réside dans l’œuvre réalisée et non dans sa propre existence . La pratique d’un métier manuel devient un exerce conscient et inconscient d’une progression spirituelle (exemple les constructeurs de cathédrale) . L’obligation de pratiquer son métier impose de la discipline. Travailler de ses mains c’est méditer dans l’action, se transformer en même temps que l’on transforme, se construire en même temps que l’on construit. La dualité s’estompe dans cette union de l’agissant et de l’agir, entre l’intérieur et l’extérieur et ainsi s’accomplit le miracle de la profondeur retrouvée…. Union de nos 3 centres : l’esprit qui conçoit, le cœur qui ressent, le corps ,par l’intermédiaire de la main, se réalise.
Les dieux païens dans les 4 grandes religions monothéistes : le bouddhisme, l’hébraïsme, le christianisme et l’islamisme apportaient une explication concrète à la vie cosmique et au destin de l’homme. Nombreuses et complexes sont les influences dont sont issus à partir du même fond essentiel les ordres spiritualistes et initiatiques. Que ce soit les mystères préhistoriques de l’Homo Sapiens, d’Isis, d’Éleusis, ou de Mithra, ceux de Bacchus et d’Orphée dans la Rome antique, ceux des Druides, des Gnostiques, des Templiers ou ceux des Soufis, des Kabbalistes, des Rose-Croix ou de la Franc-Maçonnerie, tous conçoivent l’urgence immédiate pour aider les hommes et leur monde, de recourir à plus de sagesse, de force, de spiritualité nous rappelant les 3 colonnes de notre Temple : Sagesse, Force, Beauté…. mais ceci exige un long effort personnel car la perception spirituelle n’est pas spontanée, elle exige une connaissance, une science, une méthode perfectionnée et accumulée par la sagesse et la rigueur de nos Grands Maîtres. Ceux-ci avaient compris que la transmission du patrimoine humain était la charge de ceux qui l’avaient recueilli et expérimenté ; nous savons tous qu’un manuscrit, un monument ou un parchemin sont les gardiens de la mémoire ancestrale….ils représentent la Vie.
L’œuvre maçonnique est un voyage en soi qui permet de rejoindre le point ultime là où le cœur et l’esprit vivent unis, lieu sans lieu, où les mots n’ont plus de sens. La méthode maçonnique est sans dogme, mais dans le silence, elle concrétise la conscience de l’universelle énergie.
J’ai dit
Cannelle
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