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Ecrin de dessin du Lieutenant d’Artillerie Napoléon  à Auxonne Il y a longtemps … assurément

… j’ai découvert l’étui de mathématique avec ses instruments pour l’acquisition de la connaissance, que de similitude entre ces outils de franc-maçon et de marin. Je vais essayer de vous le démontrer. Les instruments contenus dans l’étui de mathématique de Grand Maître Architecte :

  • une équerre
  • un compas simple
  • un compas à quatre pointes
  • un compas de proportion
  • une règle
  • un fil à plomb
  • un rapporteur.

Le Grand Maître Architecte a étudié la Mathématique, ce ne peut être que la Philosophie, affirme le 1er Excellent Gardien, et encore, il s’agit d’une branche particulière de la Philosophie : la Logique. Or, l’on sait que la Logique est l’Art de bien raisonner. Il en va de soi avec la logique maritime qui relève pleinement de la compétence du navigateur. Dans ses travaux, le Grand Maître Architecte se sert aussi du papier, de l’encre de chine et de la planche à tracer, tout comme le marin :

  • Le papier > la carte marine.
  • L’encre de chine > le crayon.
  • La planche à tracer > la table à cartes.

Lorsque l’on veut entreprendre une navigation, impossible d’échapper aux mathématiques et de comprendre les mystères et les charmes de la mer. Les mathématiques dans notre ordre ou dans le nautisme sont les mêmes. On utilise la logique comme outil pour démontrer des vérités, des probabilités. Que ce soit les mathématiciens ou les marins, ils sont à la recherche dans le nombre, le sens caché servant dans la découverte du monde. En maçonnerie on parle de «plan parfait», en navigation on parle de « plan de navigation ». La méthode de construction du plan de navigation, est de préparer avec le plus grand soin le «plan de route» :

En maçonnerie, on se retrouve au 5ème degré « Maître Parfait » avec la quadrature du cercle montrant que la perfection est inaccessible dans ce monde. Par construction géométrique avec seulement l’équerre et le compas, de rendre identique les surfaces du cercle et du carré. La quadrature du cercle, cette mathématique impossible, un exercice de méditation pour symboliser le passage du céleste au terrestre.

En navigation, le plan de route, se sont plusieurs routes possibles, il faut choisir la plus sûre, la plus rapide, la plus confortable en prenant compte différents éléments : la météo, courant, zones à privilégier ou à éviter, mais aussi le bateau et son équipage. Dans la navigation hauturière, finit le balisage et les amers. Au XXIème siècle des moyens modernes se sont développés : à base d’électronique : GPS, et des ordinateurs. Tout bon navigateur aura en sa possession les instruments traditionnels. Et là, on retrouve la quadrature du cercle par la projection Mercator, les cartes utilisées en mer sont de type Mercator.

La méthode Mercator de son vrai nom Gerhard Kremer, la surface d’une sphère ne peut pas être mise à plat. Pelez une orange et essayer de placer tous les morceaux sur une feuille de papier !

Sa méthode, imaginons que la sphère terrestre soit creuse et transparente et que le contour des côtes soit dessiné sur la surface de la sphère. En enroulant une feuille de papier autour de l’équateur et en plaçant une lampe au centre de la terre, celle-ci projetterait l’ombre du contour des côtes sur le papier. Ce papier et ces ombres seraient une carte Mercator de la terre entière.

Les défauts : la projection Mercator ne peut pas être utilisée à proximité des pôles. Aussi, sur une carte Mercator, la distance la plus courte entre deux points A & B n’est pas la droite. Une ficelle tendue entre les deux mêmes points A & B sur un globe donne la plus courte distance, soit la route orthodromique (arc de grand cercle). Sur une carte Mercator une droite tracée entre deux points représente une trajectoire loxodromique : une route, plus longue que la trajectoire orthodromique. Autre problème, l’échelle des distances varie avec la latitude.

  • La route de fond (Rf) l’angle formé par la droite suivie sur le fond par le navire et la direction du nord.
  • La route vraie (Rv) l’angle formé par la droite suivie en surface par le navire et la direction du nord.

L’origine de la navigation remonte au début de l’humanité. Pendant des millénaires ce fut une pratique empirique, sans cartes ni boussole. Pourtant il semble que les Phéniciens grâce à leur connaissance des vents aient parcouru toute la Méditerranée.

Les premiers marins qui naviguaient à l’estime, se dirigeaient la nuit grâce aux étoiles. Surtout l’Etoile Polaire (que certains esprits facétieux surnomment : Eléonore … car « elle est au Nord », tout simplement) qui est un guide pour les marins de l’hémisphère nord. Elle s’appelle aussi Stella Maris, étoile de la mer. Pour l’hémisphère sud, un peu plus compliqué, on prendra la Croix du Sud. On trace une droite à travers les étoiles formant le trait vertical de la croix, elle pointera vers le sud.

Les anciens considéraient le ciel comme une voûte, solide et ferme un «firmament», sur laquelle étaient accrochées les étoiles, astres fixes les uns par rapport aux autres. Les étoiles sont posées à la surface d’une immense sphère, la sphère céleste, dont la terre est le centre.

Pour nous Francs-Maçons nous avons notre Etoile Polaire que nous appelons l’Etoile Flamboyante, au 12ème degré, l’Etoile Lumineuse, qui rayonne sur nos travaux, elle est l’emblème de la pensée libre et nous devons nous Francs-Maçons suivre l’étoile pour aller plus loin dans notre cheminement initiatique, tout comme le marin avec son sextant faisant le point sur l’étoile polaire lui permettant de tracer sa route.

– Le sublime Grand Maître

        Quelle heure est-il ?

– Premier Excellent Maître

        Le Génie parle, le Soleil apparait !

– Le Sublime Grand Maître

        Il est donc l’heure d’ouvrir les travaux de l’archi-loge

Que nous pourrions par traduire en langage marin

– Le Chef de bord

        Quelle heure est-il ?

– Le chef de quart

        Le soleil se lève !

– Le chef de bord

        Il est le moment de faire un relever astronomique à la passerelle

Naviguer signifie, au sens originel, se déplacer ou voyager sur l’eau. Par extension c’est également l’art et la science de conduire un navire, l’art de se rendre d’un point à un autre par une route toujours contrôlée. Pour naviguer, le navigateur va devoir répondre à 2 questions :

Où suis-je, où vais-je ?

Autrement dit savoir faire le point et le traduire en coordonnées et savoir déterminer sa route. Il doit apprendre à se servir des instruments dont il dispose pour faire sa route :

 

Maçonnique

Marin

Une équerre Alidade/goniomètre/sextant
Un compas simple Un compas à pointe sèches
Un compas à quatre pointes règle parallèle dite anglaise
Un compas de proportion Calculatrice, ex-réglette à calculs
Une règle Une règle
Un fil à plomb Ligne de sonde
Un rapporteur Règle Cras

Je vais tracer un plan de route avec les outils de l’étui mathématique du marin franc-maçon. Je vais utiliser une carte marine qui sera le papier, mon plan de travail.

Pour faire valoir ma route et donner un cap au barreur. Il y a un premier point, la position du bateau :

– Le moi, la position du navire, ce point sur la carte marine, symbole de l’unité indivisible, l’unité, le 1, le début. Ce centre, l’étendu, qui n’existe que par son rayonnement, le «centre du monde». Ce centre n’est pas statique. C’est comme la roue d’une voiture ayant un centre immobile et pourtant qui se déplace.

Maintenant une croix, lorsque l’on veut désigner un trésor sur une carte, l’on dessine une croix à son emplacement. L’intersection des deux droites localise le centre, invisible. Cela revient à cherche le graal, là ce point, me servira à tracer le trait, ma route.

Tout à un centre et ne peut être qu’un point mathématique. Moi, personne agissant, j’ai mon centre auquel se rapporte mon moi. Tout part de moi, d’un point mathématique insaisissable.

Le point est donc un centre sur lequel l’architecte/marin applique la pointe du compas, défini un angle d’ouverture pour tracer un cercle expression de la manifestation du point centrale.

Le tracer à l’encre de chine/crayon du trait, cette droite représente notre plan terrestre, plat, par son horizontalité et sa stabilité apparente. Il désigne un mouvement, le cap, qui sera une progression. L’utilisation de cet art, passe de l’apprentissage à la maitrise permet le passage de l’idée à la concrétisation. Ce cheminement vers la perfection du trait nécessite un travail, le tracé le plus juste doit être trouvé afin de s’approcher du divin.

– Utilisation du compas simple/compas à pointe sèches va me servir à tracer des courbes, des cercles, des angles et à prendre des mesures, on retrouve les mêmes valeurs dans le rituel d’ouverture du Grand Maître d’Architecte :

*Le 1er Excellent Gardien dans le rituel d’ouverture du 12ème degré,

       «Parce que le compas, instrument fondamental du travail mathématique, figure l’Art du raisonnement des Philosophes : la logique».

*Le 1er Excellent Gardien pour terminer

        «Le compas qui sert à prendre les mesures, à reconnaître les proportions, à mesurer les angles, symbolise ainsi les diverses opérations logiques par lesquelles l’esprit humain coordonne ses connaissances et élabore ses systèmes».

L’angle d’ouverture du compas représente les limites, l’étendue des choses. Le cercle tracé par le compas, représente le tout et infini, l’unité et le multiple. Le cercle représente la perfection, son centre l’esprit humain et la circonférence, le champ de ses connaissances. Le cercle, forme géométrique parfaite, n’a ni début ni fin, ce qui en fait le parfait symbole de la continuité, de l’éternité et de l’infini mais également la protection et la perfection. Le cercle évoque également l’idée de protection. Le cercle, c’est aussi la régularité, un mouvement cyclique partant d’un point. Le fait de tracer un cercle implique la notion de temps. Le cercle est un point central doté d’un rayon d’action. Le rayon d’un cercle n’est autre qu’une droite qui a un début et une fin.

Le marin retrouve l’utilisation du compas avec l’art du raisonnement dans la construction de la zone et du cercle d’incertitude de l’estime.

Une explication simple, Du dernier point précis donne la position de départ de l’estime, à partir de cet instant, le temps écoulé permet de prévoir la position atteinte par le navire avec les éléments de contrôle : le cap du compas et le total des miles parcourus du loch.

– Arrive un moment où il va falloir établir des calculs, au 17ème siècle on utilisait un compas de proportion accompagné d’un compas à pointes sèches/ compas simple. Maintenant son nom est tout simplement la calculatrice, entre les deux, la règle à calculs.

Des utilisations en marine sont :

  • Avec un compas à pointes sèches, tous les calculs de proportions suivant le théorème de Thalès de Milet (dans un plan, une droite parallèle à l’un des côtés d’un triangle sectionne ce dernier en un triangle semblable).
  • Latitude permet de connaître en miles, la distance entre deux parallèles espacés d’un nombre connu de degrés. C’est la ligne des cordes qui sert d’index pour cette correspondance.
  • Des heures et des longitudes permet de calculer l’angle à donner à un cadran en fonction de la latitude.
  • Des inclinaisons du méridien.
  • Avec le compas à pointes sèches de procéder à des multiplications ou division par simple addition ou soustraction de longueurs.

– La règle, mesure des dimensions, mais sert aussi à tracer des traits pour l’esquisse des plans/des routes. Nous connaissons tous l’utilité de cet instrument dans le monde profane. Elle permet de tracer une droite et de mesurer une distance. Mais qu’elle est sa raison d’être dans le monde de la franc-maçonnerie ? La règle symbolise en premier lieu la rectitude, dirigée. Lorsqu’elle n’est pas graduée, elle symbolise l’infini. Son utilité n’est pas à la mesure, mais au tracé. La règle nous donne donc le chemin à suivre. Nous retrouvons aussi la règle dans le nautisme par les règles de sécurité, règle de bord, règle de vie. La règle en nautisme s’est apprendre à penser, c’est en pensant sa route que le marin navigue sans danger.

– Le fil à plomb/la ligne de sonde, permet de descendre l’aplomb, c’est à dire de trouver, de faire coïncider un point exactement à la verticale d’un repère pris comme référence. Le fil à plomb symbolise par sa verticalité l’élévation, la vérité. Le fil à plomb est une union du bas et du haut. La ligne de sonde dans la marine, consiste à déterminer la profondeur de l’eau sous un bateau à l’aide d’une sonde à main et d’un plomb qui a généralement la forme d’une pyramide tronquée attaché à une ligne de sonde.

Au fil à plomb maçonnique, j’associerais les jumelles marines, lors de l’observation d’un amer. Elle représente un point inaccessible avec une dimension de verticalité.

– Rapporteur/règle Cras, le rapporteur du grand maître architecte sert à tracer le champ d’action, le conduisant à œuvrer de la circonférence du cercle à son centre. Le centre est l’esprit humain, foyer des connaissances qui projette la lumière. Le système de repérage sur une carte marine est simple, il s’agit d’un quadrillage de parallèles et de méridiens qui détermine une latitude et une longitude, les coordonnées. Ce sont des mesures d’angles par rapport à l’équateur du méridien de référence. Lire un cap, c’est connaître l’angle entre l’axe du navire et la direction du nord. En navigation astronomique (le sextant) la hauteur d’astres.

La règle Cras n’est rien d’autre qu’un rapporteur permettant de mesurer un angle par rapport au nord vrai (géographique) et de porter un relèvement sur une carte ou de déterminer une route de fond.

Je reprendrais cette pensée de notre Frère Daniel Béresniak «Cet art de mesurer toutes choses se cultive par l’art du tracé, mais va bien au-delà. C’est l’art de compter, de comparer, de réunir, de mettre en rapport bref, l’art de penser». Apprendre à penser, se détacher des préjugés, c’est se débarrasser de ses métaux, c’est apprendre à devenir un homme libre. C’est en pensant sa route que le marin à la liberté d’aller sans danger partout où il lui est possible d’aller.

Un élément complémentaire et commun à la franc-maçonnerie et la navigation, nous guides : la lumière. N’est-il pas écrit dans le cabinet de réflexions : «si tu persévères, tu seras purifié par les éléments, tu sortiras de l’abîme des ténèbres et tu verras la lumière». La lumière en maçonnerie est le chemin «initiatique», le cap est au barreur, à suivre pour atteindre son objectif : c’est ce qu’on appelle «faire valoir sa route». La quête de la lumière exige courage et ténacité pour rester sur la voie. Lorsque le navigateur vient du large à l’approche des côtes, de nuit il aperçoit des lumières, des éclats où des scintillements. Ils signalent les zones dangereuses, le guide. Pour nous Franc-maçon qui avons reçu la lumière, cette lumière nous guide et la vraie difficulté est de savoir l’utiliser, tous comme le navigateur.

La similitude et les principes entre les marins et les Francs-Maçons est une réalité. La Franc Maçonnerie est universelle, ces règles sont universelles, pour les gens de mer les lois de la mer sont universelles.

Le navigateur est un cherchant. La navigation avec son symbolisme possède un langage qui lui est propre, c’est un art qui réclame tout à la fois rigueur et intuition, prudence et hardiesse, humilité et obstination. Le Franc Maçon est lui aussi un cherchant, par l’initiation. L’initiation est une route qu’il faut s’efforcer de suivre malgré les embûches une route qui ne supporte pas l’immobilisme ni le confort. Le Franc Maçon est un homme comme les autres mais placé entre l’équerre et le compas, entre la réalité et l’idéal, c’est notre voyage.

Sublime Grand Maître le voyage se termine, et comme il n’y a pas de belle histoire qui ne se termine sur une belle image, imaginons un navire battant pavillon Maçonnique au long d’une traversée qui durera tant qu’il aura des hommes en quête de paix, d’égalité et de fraternité.

Le premier navire à arborer un pavillon maçonnique fut à Puget Sound sur l’Edison Light, en 1915. Il était envoyé à la misaine du navire, propriété de son capitaine, le Frère E.M. Torrey, membre de l’Aurora Lodge n° 50 de Rockland dans le Maine.

Le pavillon avait un fond bleu, les lettres et les chiffres étant blancs, et portait les initiales et le numéro de la loge du capitaine, entremêlés de l’équerre et du compas.

J’ai dit.

Frère Serge

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