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Caspar-David-Friedrich-1818-Le-voyageur-au-dessus-de-la-mer *«  (…) silence où l’âme dort et s’écoute rêver.» Alphonse de Lamartine (1790-1869), Jocelyn

 

Le silence de l’Apprenti

Emergeant de la terre et le pied sur la route,

L’apprenti a laissé et les peurs et les doutes ;

Il avance confiant jusqu’aux portes du Temple

Où la proche clarté, l’avenir le contemple.

Dans l’écho silencieux, les Mystères s’animent ;

Fraternelle chaleur, bienveillance unanime.

Le silence est la loi, le mutisme est la règle.

Quand se taire n’est plus l’apanage des faibles,

Le silence devient la pensée constructive.

– Pour le méfiant dehors qui se moque, invective,

Réserve et compassion. L’ignorance est bruyante

Et se pare souvent de ces pompes savantes,

Emphatiques phrasés où le vide résonne –

Pour pouvoir incarner cette neuve personne,

Le néophyte observe et se mettant à l’ordre,

Il jure le secret et contient ses désordres.

L’apprenti se retient des excès de son âge :

La patience est vertu, le silence est un sage.

Incorporer en soi et l’outil et le geste

Demande précaution, communion manifeste.

Le silence est fécond, habité de clarté

Pour qui sait accueillir l’enseignement porté.

Car le silence est moins une absence de bruit

Qu’une attention tournée vers cet esprit qui luit

Bien au-delà des mots. Silence-gestation.

Dans le Temple, aux abords, temps de méditation.

Le silence balance entre peur et quiétude.

Besoin de dénouer ces vieilles habitudes

Qui nous lient, je le crains, au désir de réponses

Hâtives, absolues. Les vérités absconses

Ne sont pas un secours. Qu’est-ce qui nous anime ?

Un silence subit ? Un silence sublime ?

Les planches d’apprenti ne sont pas commentées.

Sont-elles pour autant les moins bien écoutées ?

L’apprenti se retient du moindre commentaire.

N’y a-t-il que l’ennui dans le fait de se taire ?

Non et non. Saint Jean de la Croix a dit un jour :

« Le langage de Dieu est silencieux amour. »

Donc le vide du cœur n’est jamais vacuité

Quand l’orgueil perd sa voix contre l’humilité.

Dans le recueillement, l’esprit serein éclot

Porté par le silence et son paisible flot.

La parole est un pont tendu comme une main

Qui assure les pas tout au long du chemin.

Je vois dans mon silence un être inachevé

Et mon âme s’endort et s’écoute rêver*.

 

J’ai dit S.°. Catherine M

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